Il faut cultiver notre jardin ». Et si la conclusion de Candide, le célèbre conte philosophique de Voltaire était à prendre au pied de la lettre ? Pour les habitants des programmes d’habitat partagé, l’une des recettes du bonheur semble effectivement se trouver dans un petit coin de terre, à base de bonnes carottes bio cultivées entre voisins et dopées à partir du compost collectif. Pourtant, l’entreprise s’avère moins naturelle qu’il n’y parait. Car il ne suffit pas d’avoir la main verte pour faire fructifier un jardin partagé.

Le projet Eco’n’home à Tours, l’a expérimenté. En 2017, pour leur premier été, les voisins ont tenté d’aménager un potager dans les espaces verts communs. Mais les légumes ont vite été délaissés car en plus de ce lopin de terre commun, les habitants avaient tous installés un petit carré sur leurs terrasses privatives. Pas de quoi décourager les bonnes volontés pourtant « Nous avions besoin d’une phase d’observation. Cette année, nous avons réduit le nombre de carrés cultivés de 5 à 2. » explique Sarah, l’une des habitantes. Les voisins ont également nommé une « jardinière en chef » pour favoriser la transmission des connaissances et ont mis au point un outil de gestion pour minimiser l’effort collectif des volontaires. Un point important car comme Sarah le souligne, « Jardiner doit rester un plaisir. On ne veut rien imposer »
A Toulouse, dans l’immeuble Vol de nuit les habitants entretiennent eux-mêmes le jardin et le potager. Cependant, Laurence, l’architecte du programme, également habitante des lieux a prévu un arrosage automatique afin d’assurer la pérennité des fruitiers et des aromatiques et de minimiser le temps passer à entretenir le jardin.
Et pourquoi pas la permaculture ?
Une autre façon de rendre plus simple l’entretien du potager est de s’adonner à la permaculture. Ce mode de production agricole durable et économe en énergie prend en compte l’écosystème de la parcelle. En clair, les interactions entre les différents éléments du potager (insectes, association de plantes, orientation de la parcelle …) le rendent autosuffisant. Pour pratiquer la permaculture, il est toutefois nécessaire de se former à l’usage de techniques simples comme le paillage qui permet de limiter la repousse des mauvaises herbes et l’apport en eau.
La permaculture ou de façon plus limitée, la culture sans additif chimique semblent un prolongement des valeurs fortes partagées entre voisins d’un habitat participatif. Nous avions d’ailleurs déjà évoqué les connivences entre l’habitat participatif et l’écologie dans cet article Habitat participatif rime t’il forcément avec écologie ?
Que faire de la récolte ?
Une fois l’heure de la récolte arrivée ne reste plus qu’à s’entendre sur son utilisation. Que va-t-on faire de ces bons légumes cultivés à quatre mains et bien plus. Evidemment, la revente n’est pas une option.
Option 1 : Celui qui travaille se régale, comme dans le conte pour enfants La petite poule rousse.
Option 2 : plus conviviale que la 1ère : les jardiniers confient leurs légumes aux cuisiniers du groupe pour les déguster ensemble dans la salle commune.
Option 3 : on partage, selon les goûts et les envies de chacun, en bonne intelligence, de la façon la plus simple possible, comme c’est souvent le cas dans l’habitat participatif !