Qu’est-ce que la Smart City pour vous ?
Pour moi, la Smart City est une ville connectée, ultra technologique, presque déshumanisée. C’est pourquoi je préfère utiliser le terme de ville inclusive pour désigner les villes de demain. La ville inclusive, est une ville qui par définition, inclut, intègre ses habitants, leur demande leur avis, les place au centre du dispositif, à l’opposé de la Smart City qui semble dominée par une forme d’intelligence artificielle. Or, la ville connectée, doit avant tout reconnecter les gens entre eux.
Pourtant, dans la Smart City, la technologie se veut au service des habitants, c’est une façon de les inclure, non ?
En partie seulement, car la ville connectée déploie toute une batterie d’outils technologiques, parfois très pratiques comme l’inscription au centre de loisirs de ses enfants en ligne ou le paiement de ses impôts directement sur Internet. Encore faut-il savoir, ou pouvoir les utiliser. En cela, la Smart City est vecteur d’exclusion. Il y a d’un côté les personnes qui profitent des bienfaits de la technologie et à côté, toute une partie de la population qui ne peut avoir accès à ces services, à cause de problème de connexion, par exemple. Ou parce qu’ils ne savent pas lire ou n’ont jamais appris à aller sur Internet. La technologie ne suffit pas, il faut alors accompagner les habitants.
Par ailleurs, souvent la technologie intervient comme le sparadrap qui cache la blessure. Prenons par exemple, les puces qui permettent aux services de ramassage des ordures de savoir quelles poubelles sont pleines. C’est très bien, très écologique. Mais cela cache un problème de posture. S’il y a trop de déchets, il faut apprendre aux gens à trier par exemple. Or, certains bailleurs sociaux, ne mettent même pas le tri en place.

On le voit dans l’habitat participatif où l’utilisation des outils technologiques permet aux futurs voisins de vivre mieux, de se rencontrer, de s’organiser (mettre au point des plannings, se former, s’informer), de s’entre-aider.
C'est une ville qui déploie des moyens technologiques pour mieux vivre son habitat, des applications permettant de prendre l’avis des citoyens sans leur demander de venir à une réunion (à 17 heures !) par exemple. Et surtout, qui les accompagne dans l’adoption de ces nouvelles technologies, jusqu’à ce qu’ils soient autonomes.
D’une certaine façon, Paris, est une ville inclusive dans la mesure où elle consacre près de 100 millions d’euros au budget participatif.En 2018, près de 2000 projets ont été déposés les parisiens et les parisiennes. L’enveloppe qui y est consacrée est de 100 millions d’euros, dont 30 millions pour les quartiers populaires. D’ailleurs, des villes comme Pantin sont également sur le point de mettre en place un budget participatif.
Oui, on le voit dans l’habitat participatif où l’utilisation des outils technologiques permet aux futurs voisins de vivre mieux, de se rencontrer, de s’organiser (mettre au point des plannings, se former, s’informer), de s’entre-aider.
Si l’on va plus loin, la ville intelligente peut même se passer de technologie. On peut en voir les prémices dans des projets tels que Soukmachines. Ce collectif s’est spécialisé dans la reconversion de sites inoccupés afin d’en faire des lieux de vie où les gens travaillent, se rassemblent. On parle beaucoup du Vivre ensemble, mais dans une ville intelligente, on pourrait même parler de Faire ensemble, dans l’esprit des villages d’autrefois